
Sous le haut patronage de sa Majesté le Roi

Un Nouvel Ordre mondial ? …ou pas.
Mercredi 16 octobre 2024, notre club recevait le Prof. Dr. Sven BISCOP, de l’UGent, et directeur du programme « L’Europe dans le monde » à l’Institut Egmont pour les Relations internationales.
Le professeur nous a présenté une synthèse de ses réflexions, contenues par ailleurs dans son dernier livre « This is not a New World Order », sous-titré « Europe Rediscovers Geopolitics, from Ukraine to Taiwan » chez Owl Press : https://www.borgerhoff-lamberigts.be/shop/boeken/this-is-not-a-new-world-order.
En guise d’introduction, il nous précise quelques définitions en insistant sur la différence qu’i y a entre la géopolitique (l’influence de la géographie sur les calculs stratégiques), la stratégie (où et quand mettre en œuvre les moyens et ressources disponibles pour atteindre les objectifs fixés) et la Grand Strategy, qui est la réponse à la question de savoir quel rôle l’on veut jouer sur le plan mondial. Il met l’accent également sur le fait que la situation actuelle n’est pas nouvelle. Il s’agit ni plus ni moins que le jeu des intérêts de chaque Etat dans une situation donnée : la « Real Politik ».
Dans une deuxième phase, le professeur nous dépeint la situation de crise à laquelle nous assistons aujourd’hui dans le monde. Il nous dresse un rapide tableau des événements en Ukraine, depuis 2014 jusqu’à l’explosion en 2022 avec l’attaque russe. Quels sont les intérêts de l’UE, sa stratégie, ses objectifs quant à la fin de la guerre et à l’appui militaire européen à long terme ? Quels sont les implications de cette guerre sur l’Europe et le futur de sa défense, sur la Région de la mer Noire, le Caucase, la Russie elle-même ? Il parcourt ensuite les crises en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, dans le Golfe pour enfin s’étendre sur la Chine et ses rapports avec la Russie et la Corée du Nord, sa relation avec Taiwan et le sud de la Mer de Chine. Il aborde enfin la thématique de la structure multipolaire du monde, les tensions internes à cette structure, les règles à y faire appliquer…
Dans un troisième chapitre, il nous parle de ce que pourrait ou devrait faire l’UE pour améliorer son statut de Puissance. Ce statut, qui dépend du produit des puissances politique, économique et militaire, place l’UE devant ses responsabilités. Le professeur confesse avoir changé son point de vue au sujet de la stratégie à adopter par l’UE pour devenir un acteur important sur le plan militaire. Depuis plus de vingt ans, l’UE s’échine à développer des capacités et des forces indépendantes de l’OTAN, mais aujourd’hui il croit plus au renforcement du pilier européen de l’OTAN.
Il conclut sa présentation en donnant son sentiment sur le futur de cette capacité de défense européenne. Si le coup d’accélérateur donné par la Présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, en matière d’industrie de défense est en soi une bonne chose, ce sont les Etats-membres qui détiennent les leviers de la décision qui peut faire de l’UE un véritable acteur sur la scène militaire…ou non.
Alain Spoiden
